L'étau se resserre encore

Source : Orange.fr

Selon le quotidien Le Monde, Lance Armstrong aurait admis dès 1996 s'être dopé avant son opération d'un cancer. Lors de la mise en place du protocole médical postopératoire, l'Américain aurait avoué à ses médecins avoir consommé de l'érythroprotéine (EPO), des hormones de croissance, des stéroïdes anabolisants et de la testostérone. Une révélation accablante pour le jeune retraité du peloton qui réfute toujours l'accusation portée par le quotidien L'Equipe sur sa consommation avérée d'EPO lors du Tour 1999.

Dans une semaine, le Tour de France 2006 s'élancera depuis Strasbourg. Pour la première fois depuis sept ans sans celui qui a dominé la Grande Boucle de manière implacable durant toutes ces années, Lance Armstrong, dont la succession s'ouvrira en Alsace. Désignée persona non grata sur l'épreuve par les dirigeants de la plus grande course cycliste du monde depuis la révélation par le quotidien L'Equipe en août dernier de la prise d'EPO avérée de l'Américain lors de la conquête de son premier Tour en 1999, le jeune retraité du peloton pourrait soigneusement éviter de se présenter sur la caravane comme il en avait plus ou moins émis l'intention.

Car son passif vis à vis de l'épreuve n'en finit plus de grossir à vue d'œil. Près de dix mois après la mise au jour des tests positifs à l'EPO effectués par le laboratoire français de Châtenay-Malabry sur les échantillons urinaires de l'Américain, un autre quotidien français, Le Monde, révèle, sur la base d'une copie de témoignages qu'il s'est procurée, qu'Armstrong aurait admis dès 1996 avoir consommé des produits dopants. A l'époque, l'Américain n'est pas encore le roi du Tour mais compte déjà à son palmarès un titre de champion du monde (1993). Auteur d'un début de carrière prometteur, il figure à tout juste 25 ans parmi les plus sûrs espoirs du peloton quand il révèle souffrir d'un cancer des testicules qui va mettre entre parenthèses sa carrière.

"Avez-vous déjà pris des produits dopants? Et il répond, oui"

Ce 28 octobre 1996, c'est un Lance Armstrong amaigri, qui n'a plus grand chose à voir avec un coureur professionnel, qui rencontre ses médecins avant son opération consistant à enlever des métastases qui ont touché le cerveau. Une scène que le fameux livre L.A. Confidentiel. Les secrets de Lance Armstrong, publié en juin 2004, évoquait déjà sans en décrire l'exacte teneur. Au moment d'établir le nécessaire protocole post-opératoire de rigueur après une intervention de cette ampleur, l'Américain, entouré de sa petite amie de l'époque, Lisa Shiels, de son premier entraîneur, Chris Carmichael, et son épouse, mais aussi de ses proches et amis, est sondé sur d'éventuelles consommations de produits dopants.

La suite, c'est Betsy Andreu, la compagne de l'ex-coureur américain Frankie Andreu, ancien meilleur ami d'Armstrong qui, présente ce jour-là, l'a raconté sous serment devant le tribunal de Dallas dans le cadre d'une procédure judiciaire, dite d'arbitrage, engagée, à l'initiative du septuple vainqueur de la grande Boucle, contre sa propre compagnie d'assurance, SCA Promotions (*): "(Le docteur) a commencé à lui poser des questions banales. Je ne me souviens pas. Et tout à coup, boum, avez-vous déjà pris des produits dopants? Et il répond, oui. Il demande lesquels. Et Lance répond: EPO, hormones de croissance, cortisone, stéroïdes, testostérone." Frankie Andreu, fidèle d'Armstrong sous le maillot de l'US Postal et très proche de l'Américain à l'époque pour l'aider à traverser cette épreuve, était lui-même présent ce jour-là. Il confirme: "Je ne sais pas comment le docteur a formulé sa question, mais la réponse était qu'il avait pris de l'EPO, de la testostérone, des hormones de croissance et de la cortisone."

Autre personne ayant assisté à ces aveux, Stephanie McIlvain, salariée d'un des sponsors d'Armstrong et amie du coureur US, n'a elle pas confirmé cette version des faits, niant que l'Américain avait admis s'être dopé. Une surprenante volte-face quand on sait que celle-ci avait, le 21 septembre 2004, soit un an avant de comparaître devant le tribunal de Dallas, soutenu, lors d'une conversation téléphonique avec... Greg Lemond, qu'elle répèterait la confession d'Armstrong face à ses médecins si elle devait être amenée à témoigner: "Si je suis citée, je le ferai (...). Car je ne vais pas mentir. Tu sais, j'étais dans cette pièce. J'ai entendu." Une conversation qui, toujours selon Le Monde, aurait fait l'objet par Lemond d'un enregistrement versé au dossier!

Et Armstrong nie tout

Fidèle à sa ligne de défense, nettement moins transparente, et pour cause, qu'il a adoptée face aux soupçons, Armstrong, lors de sa déposition le 30 novembre 2005, a nié le simple fait qu'un quelconque médecin ait pu lui poser la question de savoir s'il avait consommé ou non des produits illicites. Quant aux déclarations de ses ex-amis, il les mets sur le compte d'une prétendue haine que lui porterait la femme de Frankie Andreu. Des déclarations qui devraient choquer et qui pourtant ont tendance à laisser froid tant l'image d'Armstrong est aujourd'hui écornée...

(*) Suite à sa victoire dans le Tour 2004, la sixième consécutive, Armstrong choisit d'attaquer sa compagnie d'assurances qui, face aux soupçons de dopage nés de la publication de L.A. Confidentiel. Les secrets de Lance Armstrong en juin 2004, refuse, après une première tranche de 4,5 millions de dollars, de lui verser la totalité de la prime promise en cas de sixième succès sur la Grande Boucle, soit 9,5 millions de dollars. Un conflit qui a finalement tourné en faveur de l'Américain auquel le tribunal de dallas a donné raison, non pas sur le fond, mais en estimant que l'assureur, avant de contester la prime sur la seule base de soupçons, aurait dû la verser, la victoire d'Armstrong en 2004 n'ayant pas été contestée par l'UCI.