Un superclásico de toute beauté
Il y a des traditions qui ne se perdent pas en Argentine. Et le 180e superclásico de l'histoire, conclu dimanche par un match nul entre Boca Juniors River Plate (1-1), l'a confirmé avant même le coup de sifflet initial, quand un nuage de papelitos a recouvert le ciel de la Bombonera pour célébrer l'entrée des équipes sur le terrain. Et dans les tribunes, de très nombreux supporters n'ont pas oublié d'afficher des banderoles à l'effigie de Diego Maradona, ancien de Boca et grand absent du jour. A plusieurs reprises pendant le match, les hinchas (supporters) ont d'ailleurs chanté des «Marado, Marado» si forts que le pibe de oro a dû les entendre depuis sa chambre d'hôpital.
Le spectacle, exceptionnel dans les tribunes, a également été de toute beauté sur la pelouse. Pourtant le match commençait bien mal pour les amateurs de suspense. Après seulement 53 secondes de jeu, Pablo Ledesma, bien servi par Román Riquelme ouvrait le score pour Boca Juniors du plat du pied droit. Un but synonyme d'euphorie pour les hommes de Miguel Russo devant leur public. Avec un Román Riquelme des grands jours à la baguette, bien aidé par le très précieux Ever Benega, Boca Juniors a offert un spectacle de très haut niveau pendant 45 minutes. Durant ce laps de temps, et à quatre reprises, le supersonique Rodrigo Palacio et l'expérimenté Martin Palermo auraient même pu tuer le match, mais à chaque fois, Juan Pablo Carizzo, le gardien de River Plate est sorti vainqueur de ses face à face.
Le 55e match nul de l'histoire du Superclásico
«En première mi-temps, Boca n'a pas su nous mettre définitivement la tête dans le seau. Nous avons été en dessous de tout. Et pourtant, alors que la journée aurait pu être cauchemardesque, mes joueurs se sont repris. Au retour des vestiaires, ils se sont montré bien plus agressifs. On aurait même pu finir par gagner ce match», analysait Daniel Passarella, l'entraîneur de River Plate. Ce dernier est revenu sur la pelouse au début de la seconde mi-temps avec un parapluie blanc et rouge à la main pour se protéger des projectiles lancés depuis les tribunes. Son discours dans les vestiaires («il nous a dit que nous n'avions pas la mentalité digne d'un superclásico» selon Federico Dominguez) a eu le mérite de transformer ses hommes. Et dès la 49è minute, Mauro Rosales (ex-Ajax d'Amsterdam), d'une belle frappe du gauche en bout de course, redonnait espoir aux millonarios et relançait pour de bon ce 180è superclásico.
Lors d'une seconde mi-temps jouée à 200 à l'heure, les deux équipes se sont rendu coups pour coups. Mais ni l'une ni l'autre n'a réussit à mettre KO son adversaire. Dans les toutes dernières minutes, Marco Ruben du gauche côté River et Martin Palermo de la tête côté Boca Juniors auraient pu devenir les héros du jour. Mais à chaque fois, le ballon, capricieux, est venu caresser les montants. Les deux plus grands clubs d'Argentine se sont quittés sur un match nul pour la 55e fois de l'histoire. «Et c'est bien regrettable, notait Miguel Russo l'entraîneur de Boca Juniors. On aurait pu tuer le match en première temps. Ensuite, c'est quand même difficile de maintenir ce niveau de jeu pendant 90 minutes. Le but de Rosales en début de seconde mi-temps nous a un peu coupé les jambes. On a eu du mal à s'en remettre, c'est seulement dans le dernier quart d'heure qu'on a relevé la tête. C'est dommage, car ce match nul nous laisse à deux points du leader, San Lorenzo. Il nous reste 8 matchs pour les rejoindre et les dépasser...»
Boca Juniors-River Plate : 1-1
Dimanche, stade de la Bombonera.
Temps doux, pelouse humide, 50 000 spectateurs
Arbitre : S.Pezzotta
Buts : Boca Juniors : Ledesma (1re), River Plate : Rosales (49e)
Avertissements : Boca Juniors : Ibarra (6e), C.Rodriguez (83e)., River Plate : Ahumada (27e), A.Fernandez (34e), Ferrari (41e), Nasuti (84e), Tuzzio (85e)
Boca Juniors : Caranta- Ibarra, Diaz, Morel, C.Rodriguez- Ledesma, Benega, Cardozo- Riquelme- Palacio (Barros Schelotto, 85e), Palermo (cap.). Entraîneur : M.Russo
River Plate : Carizzo- Ferrari, Nasuti, Tuzzio, Dominguez- A.Fernandez, Ponzio (Galvan, 75è), Ahumada (Lima, 65è), Belluschi (cap) (Abelairas, 90è) - Rosales, Ruben. Entraîneur : D.Passarella