ONDRES - Arsenal, dernier grand club anglais contrôlé par des capitaux britanniques, est déstabilisé par les ambitions de rachat du milliardaire américain Stan Kroenke.
Propriétaire de franchises de sport américain, Kroenke a acquis en quelques semaines plus de 11% du capital, son ambition de reprendre le club semblant désormais établie.
Le directeur exécutif du club, David Dein, a été évincé pour avoir refusé de signer l'engagement des principaux actionnaires à ne pas céder à Kroenke. Dein juge l'Américain susceptible d'offrir les moyens financiers pour lutter à armes égales avec Manchester United, Liverpool et Chelsea.
La proximité de Dein avec Arsène Wenger, dont le contrat arrive à expiration en juin 2008, a immédiatement suscité les spéculations sur un départ de l'entraîneur emblématique.
Mais, tout en exprimant son "immense déception", le Français a insisté sur la "solidité" de ses liens avec Arsenal et sur ses bons rapports avec les autres dirigeants.
Toutefois, pour la première fois, il leur aurait demandé jeudi des assurances sur l'enveloppe de transferts dont il bénéficiera cet été et a refusé de s'engager pour une prolongation de contrat évoquée jeudi par le président Peter Hill-Wood.
Mais un départ rapide de Wenger paraît peu probable. Surtout que celui de Dein, qui l'avait fait venir en 1996, n'est peut-être pas définitif.
Respect des "valeurs anglaises"
L'Anglais pourrait s'allier ou vendre ses parts (plus de 14%) à Kroenke, en échange d'un futur poste de président. L'Américain deviendrait alors le principal actionnaire devant Danny Fiszman (24,6%), tout près des 30% qui l'autoriseraient à lancer une procédure de reprise hostile.
Si l'actionnariat est relativement concentré, les petits actionnaires, dont un fonds de pension (3%), et des particuliers apparaissent comme des points faibles pour les "Anglais". Quand il a racheté à la chaîne ITV ses 9,9%, Kroenke a montré qu'il était prêt à payer les actions au-dessus de leur valeur du marché.
Consciente du danger, la direction joue sur la fibre anti-américaine et le respect des "valeurs anglaises". "Pourquoi nous ne voulons pas d'Américains dans notre club ?", demande Hill-Wood. "Considérez-moi comme démodé, mais nous n'avons pas besoin de leur argent et de personnages de ce genre".
Investissement prometteur
"Les Américains dépècent la première division, non parce qu'ils aiment le football, mais parce qu'ils y voient une opportunité de faire de l'argent", poursuit-il.
Cette condescendance colle bien au profil un peu suranné des principaux propriétaires d'Arsenal, sortis d'Eton ou issus de vieilles familles aristocratiques qui dirigent le club depuis plusieurs générations. Mais elle ne fait pas vibrer la corde sensible des supporteurs, dont certains sont actionnaires.
Leur association, inquiète de voir son équipe "décrocher" par rapport aux trois autres géants anglais, estime que le club "a besoin de sang neuf et d'un nouvel élan commercial" et jugera "une offre de reprise à l'aune de ses avantages et de la présence de David Dein".
Malgré une dette née de la construction de l'Emirates Stadium (quelque 390 M EUR) qui handicape à court terme le club sur le marché des transferts, Arsenal, par sa rentabilité croissante, est un investissement prometteur. Son nouveau stade lui rapporte 4,2 M EUR par match, tandis que les droits de diffusion sont en augmentation exponentielle.
Le projet immobilier sur le site de l'ancien stade d'Highbury devrait rapporter plus de 110 M EUR d'ici 2009.