Malgré ses 14 titres, l'Argentine doit se dire qu'elle est maudite en Copa America. La sélection d'Alfio Basile, donnée favorite après un parcours jusque-là sans faute, s'est déballonnée en finale de la 42e Copa América, dimanche à Maracaïbo au Venezuela, face au Brésil (0-3). La Seleçao, qui avait déjà dominée l'Argentine lors de la finale 2004 au Pérou (2-2, 2-4 tab), a remporté son huitième trophée dans cette compétition.
Battu d'entrée par le Mexique, souvent dépendant de Robinho, décrié par la presse de son pays en raison de son jeu poussif et privé de ses stars Ronaldinho, Kakà, Ronaldo et Adriano, le Brésil accumulait beaucoup de handicaps. Mais l'Argentine, à la flamboyance retrouvée, ne s'est pas suffisamment méfiée du pragmatisme à toute épreuve de la Seleçao. Coup de tonnerre d'ailleurs après seulement quatre minutes de jeu avec l'ouverture du score de Julio Baptista. Sur une contre-attaque, l'attaquant du Real Madrid - reconverti meneur de jeu par son sélectionneur - a osé une frappe puissante à 20 mètres dans la lucarne d'Abbondanzieri, qui est resté sur ses appuis (4e, 1-0). Déboussolés et peu serein en défense, les Argentins ont évité le pire en l'espace de quelques secondes après le quart d'heure de jeu. Très actif, Maicon a failli doubler la mise sur une frappe et une faute de main d'Abbondanzieri (17e) L'ancien Monégasque a ensuite vu son centre repoussé avec affolement par Zanetti (18e).
Riquelme maladroit, Messi transparent
Peu en vue car bien chaperonné par Juan, Juan Roman Riquelme a quand même bien failli être décisif à deux reprises. A la 9e minute, sur un bon centre de Messi et une remise de la tête de Veron, le meneur de jeu argentin a frappé du gauche sans contrôle dans la surface mais le ballon a rebondi sur le poteau. Après la demi-heure de jeu, sa frappe enveloppée de l'intérieur du droit a obligé Doni, le portier brésilien, à une superbe envolée (35e). Mais une poignée de secondes plus tard, les joueurs de l'Albiceleste ont vu une partie de leurs illusions s'envoler. Sur un centre tendu de Daniel Alves, tout juste entré en jeu à la place d'Elano (blessé), c'est le capitaine Roberto Ayala qui a dévié au premier poteau le ballon dans le but, prenant à contre-pied son propre gardien (40e, 2-0).
Cet avantage devait obliger l'Albiceleste à tout tenter en seconde période. Alfio Basile a tenté de revigorer son équipe en incorporant l'offensif Pablo Aimar à la place du défensif Esteban Cambiasso. Mais rien n'y a fait. Comme en première période, l'Argentine s'est montrée toujours aussi peu inspirée devant et fragile derrière. Sur un énième contre, Vagner Love s'est joué de Mascherano et a idéalement servi Daniel Alvès dans le dos de Riquelme. Le latéral du FC Séville a ouvert son compteur buts et donné la victoire aux siens d'un tir croisé en pleine course (68e, 3-0). Après les échecs brutaux au Pérou en 2004 et en Allemagne en finale de la Coupe des Confédérations en 2005 (1-4), cette nouvelle défaite ne devrait pas cicatriser facilement pour des Argentins qui sont totalement passés à côté de leur sujet, à l'image de Lionel Messi, totalement transparent.
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